22 novembre 2004

Rebellion & Co ou Faut-il préférer la rayvolte à la résignaychion ?

Ce matin en philo, on parlait de l’éducation des enfants et la prof disait que la violence était une très mauvaise solution pour faire obéir, car on demande aux enfants une maîtrise d’eux-mêmes, alors que la violence est la preuve même d’un manque de maîtrise.
La prof nous a dit : « La dernière fois que j’ai pris une gifle, je devais avoir 17 ans. Je répondais systématiquement à mon père, vous savez comment je suis… Maintenant, je me dis, avec tout le respect que je lui dois, qu’il manque non seulement de maîtrise, mais surtout qu’il ne supporte pas que quelqu’un pense différemment de lui ».
Ca me rappelle quelque chose. Pas vraiment pour les gifles, mais pour le reste.

Ma prof de français d’il y a quelques années nous avait raconté une histoire similaire. Ma cousine répondait à ses parents. Ma prof de philo aussi. Et j’en passe.
Que sont-elles devenues ? Des femmes unanimement charmantes, un brin rebelles, mais qui se révoltent contre ce qui leur semble injuste ou inexact.

Je ne veux vraiment pas être façonnée à l’image de mes parents, d’ailleurs je trouve ça légitime, surtout à l’adolescence, de vouloir être indépendant et notamment de d’avoir des divergences d’opinion. Mais quand on se heurte à un mur d’incompréhension, c’est franchement frustrant. On a l’impression de ne pas être libre de penser ce qu’on veut (liberté fondamentale de la DUDH), et que par ailleurs toutes nos paroles sont interprétées comme une provocation ou de façon négative, lorsqu’on ne faisait qu’un simple constat ou une remarque anodine. Quant au second degré ou au cynisme, n’en parlons même pas, dans ma famille on ne sait pas ce que c’est.

Anyway, celui qui ne se rebelle pas contre ses parents c’est celui qui approuve aveuglément tout ce qu’ils disent. Soit parce qu’ils ne se trompent jamais, ce qui est impossible puisque personne a toujours raison ; soit parce qu’il est incapable de se servir de son cerveau et de son sens critique pour contester ce qui est contestable.

En gros, si on ne se rebelle pas, on ne peut pas se forger une personnalité. On devient un clone de ses parents. On est sans relief. Du coup on stoppe son développement puisqu’on n’a aucun effort à faire pour devenir quelqu’un possédant des caractéristiques originales.
Dans le temps, quand on n’avait pas le droit de répondre aux parents, si « mentalement » on ne sauvait pas la mise en les jugeant et en désapprouvant certains de leurs comportements, on était foutu.

La grande majorité de mes amis, même les plus pacifistes, se clashent régulièrement avec leurs parents.
Les bons parents sont ceux qui trouvent des compromis ou s’expliquent, au lieu d’envoyer chier leurs enfants, sous prétexte que « De toute façon ba toi t’es qu’un jeune immature et moi tu voa, j’ai l’expérience de la vie et j’ai toujours raison alors tais-toi »
Comment peut-on appeler ça autrement qu’un manque d’ouverture d’esprit ?

Voici comment mon père envisage la communication : lui il parle, et moi je ferme ma gueule et surtout je ne le contredis pas, sinon « la communication est impossible ».
Mais enfin voyons…Papa…c’est cela même, le principe de la communication : la confrontation d’idées. Et d’idées opposées de préférence, sinon ça n’a pas énormément d’intérêt. Et encore, si tout ce que je pense était infondé, je serais d’accord pour dire que je rends la communication impossible. Or je ne pense pas qu’à chaque fois que j’ouvre la bouche, ce soit pour dire des choses sans queue ni tête. Ou alors ça s’appelle le second degré. Le problème vient peut-être de là. J’admets que c’est parfois pas évident quand on n’est pas dans ma tête de faire la distinction entre ce que je pense vraiment et mes délires (sur ce blog c’est évident, mais ça ne l’est pas quand je parle).


Putain pourquoi j’ai pas parlé de cette sorte de révolte dans ma rédac de philo ??!! (en fait je m’en fous puisqu’elle ne la note pas grrr)