20 novembre 2004

Mme Spotantitabac-Ambulant

Quelle fut la plus belle expérience de ma vie ? Sûrement ces 3 années de latin ô combien enrichissantes.
Mais de ces 3 ans, l’année la plus riche en rebondissements fut sans aucun doute la dernière. J’étais vraiment décidée à ne rien foutre en latin, et je plafonnais à 3 de moyenne malgré les antisèches planquées un peu partout. (Après j’ai compris l’astuce : il suffisait de prendre un rouleau de compresses et de se bander la main avec pour faire croire qu’on ne pouvait pas écrire).

Déjà l’année avait bien commencé. Nous avions Mme Spotantitabac-Ambulant, une momie ressuscitée (non mais je blague pas, si ç’avait été de la viande en décomposition qui nous avait fait cours, on n’aurait pas vu la moindre différence).

Donc Mme S-A nous avait demandé dès le 1er cours de répondre à un petit questionnaire, dont la question : « Pourquoi avez-vous choisi de faire latin ? » Alors là ça avait été la débandade : tout le monde s’était défoulé à coup d’assertions toutes plus croustillantes les unes que les autres, exemples : « L’erreur est humaine » ou « Je suis sado-maso, fouettez-moi », etc, etc…
Pour ma part j’avais choisi latin parce que cette connasse de prof principale de 6è avait fortement conseillé (autant dire avait obligé) tous ceux qui avaient des bonnes notes en français à prendre latin. FUCK

Bref les semaines se succèdent nonchalamment, me faisant croire qu’elles tentaient de battre le record de laquelle serait la plus chiantissime.

Et puis un beau jour, je vois écrit à côté des initiales MF que j’avais gravées sur la table, toute une liste de chansons de Mylène Farmer. A partir de là s’ensuit une correspondance acharnée par table interposée avec cette autre fan de MF sans visage.
Tous les jeudis matin, je me rue tête baissée à l’intérieur de la salle de latin (vous auriez vu la tête de la prof…enfin elle avait toujours une tête bizarre, mais là pour le coup…), de peur que quelqu’un s’assoie à cette table et me prive de ma correspondance hebdomadaire. Je passais littéralement le cours entier à écrire sur la table, périodiquement remise à neuf par les techniciennes de surface.

Et là, c’et le drame…

Un jeudi matin, contrôle. Habituellement, ils ne tombaient jamais le jeudi matin. Et, à moins que vous ayiez déjà été fan vous-même, vous ne pouvez pas vous imaginer la frustration que j’ai ressenti en sachant que je ne pourrais pas écrire un petit mot à mon homologue.

Vous me direz, il suffisait que je rende une feuille blanche et que je consacre mon heure à griffonner sur la table ; de toute façon un 0 quand on a 3 de moyenne, c’est pas trop grave. Oui mais voilà. Je ne suis pas comme ça. Je préfère rendre une copie pleine et remplie (sciemment héhé) de conneries pour faire enrager la prof plutôt que de rendre une copie vide.
Etant donné mon degré d’énervement, j’en ai même fait un peu trop d’ailleurs. J’avais fait une version français/latin en mettant des k partout alors qu’il n’y a pas de k en latin, et en traduisant chaque mot français par un mot transparent latin sorti tout droit des méandres de mon imagination. Et cerise sur le gâteau, j’avais répondu « J’en ai rien à foutre de cette question » à la dernière. (vous m’excuserez, j’étais jeune et immature. Enfin…encore plus immature que maintenant, quoi…)

Après je vous raconte pas, incident diplomatique. La prof principale s’en est mêlée, même la directrice, cette vieille pimbêche revêche catho coincée a eu vent de l’affaire. D’ailleurs maintenant que j’y repense, je trouve que je m’en suis plutôt pas mal tirée : 2h de colle.
Mon travail à effectuer : « Enoncer l’intérêt d’apprendre la latin et d’étudier la culture latine ».

Fastoche.

J’ai recopié mot pour mot l’édito du livre de latin.
La prof n’y a vu que du vent. D’ailleurs, cet édito étant, comment dire…il encensait vraiment le latin, il le portait carrément aux nues, même. Donc quand je me suis approprié la rédaction de cet avant-propos, ça donnait un résultat ironique au possible.
Ca avait même fait rire la prof de latin, et l’incident diplomatique en avait été plus ou moins enterré.

Mme S-A, reposez en paix dans votre sarcophage natal (oula ça veut rien dire). Je pensais à Egypte natale hihi.