02 janvier 2006

2005 : l'heure du bilan a sonné

Sans pondération, on pourrait croire que cette année fut somme toute une bonne année.
Le problème, c'est que les 9 premiers mois comptent coeff 1 dans leur génialitude et que les 3 suivants comptent coeff 67980898 dans leur pourritude.


Résumé chronologique :

Il y a mon lycée à Levallois, tellement beau et tellement riche d'histoire(s) qu'il devrait être classé monument historique.
Dans ce lycée, il y a ma classe de terminale : le pays des Bisounours où tout le monde s'aime.


Il y a aussi les cours d'allemand qui partent en cacahuète avec Frau H, son sac-poubelle et ses cheveux épars, la belle allemande à qui je dois de nombreux torticolis, les petits mots, les TS1, et Louis le psychopathe qui est tout de même assez lucide pour partager mon goût pour la belle allemande.

Il y a également la CPE (Conasse Professionnelle à Eviter) qui marche comme un dindon à l'affût de la moindre infraction, la même qui a collé tous ceux qui avaient participé aux manifs lycéennes.

Il y a les expéditions au Franprix pour faire des provisions juste avant les cours d'histoire-géo, dans le but d'éviter de périr d'ennui.

Il y a notre prof de physique de 1è, sosie intellectuel et physique de Louis de Funès qui ne manque jamais de nous faire une petite blagounette à chaque fois qu'il nous croise dans les couloirs.

Il y a Fabien qui fait le naïf, Fabien le fournisseur officiel de clopes pour tout le lycée, Fabien qui décide d'arrêter de fumer, Fabien qui finit son dernier paquet de Lucky Strike à la récré suivante, Fabien qui n'est pas crédible quand il s'énerve, Fabien qui nous invite chez lui pour boire et qui déshabille et fait prendre un bain à celui qui a pris une cuite, Fabien qui ordonne de sa voix virile à Julie de sortir de la salle de bain quand elle s'extasie devant la taille du pénis du saoul, Fabien qui n'aime pas qu'on l'appelle Fabienne, Fabien qui n'assume pas son ancienne vie sentimentale…

Il y a Cyril qui fait évacuer le lycée en fumant en-dessous des détecteurs de fumée, Cyril qui tord les pieds des chaises, Cyril qui me vole mes beignets à la cantine, Cyril qui colle des stylos sur les murs avec de la superglue, Cyril et sa danse du macaque en rut, Cyril qui arrache la tête d'Elodie sur la photo de classe, Cyril qui prend Frau H en photo et qui oublie d'enlever le flash…

Il y a les fous rires qui coupent la respiration et qui font pleurer.

Il y a Julie, la copine et confidente hétéro avec qui j'aurai cependant une relation des plus ambiguës à compter du jour où elle me propose qu'on aille se rouler des pelles après le cours d'anglais. S'ensuivront les mains sur la cuisse en cours, les petits attouchements et les regards complices, sans oublier les surnoms affectueux. Il y a le week-end où je l'invite à la campagne, histoire de ne pas mourir d'ennui seule, entre-autres... On a une chambre avec trois lits pour nous, mais on décidera de dormir ensemble dans un lit de 50cm de large. On se fait des massages durant deux heures avant de s'endormir. Le lendemain matin, je lui caresse le bras. J'en ai très envie mais il ne se passera rien.

Il y a Gwen et ses délires métaphysiques, Gwen qui veut mettre Mr Louis de Funès dans une voiture portée à bout-de-bras sur le pont de Levallois par des élèves pour le jeter dans la Seine, Gwen et ses soirées TPE pendant lesquelles on porte secours à ses chats qu'il laisse dépérir, entre deux accords de guitare et un coup d'oeil dans le décolleté de Julie…

Il y a Astérix le prof de maths avec sa moustache qui traîne dans la soupe et ses formules qui s'étalent sur 4 lignes.
Il y a Mr Bricolage, le prof de méca avec ses muscles saillants et ses liaisons pivot-glissant.
Il y a ma première fois avec une fille.
Il y a la fin de l'année scolaire et le bac qui approchent, et déjà je pressens que je vais bientôt quitter quelque chose que je ne retrouverai pas.
Il y a le bac que je prépare distraitement en chattant sur GV. Il y a cette fille qui me dit 'pour rire' que si j'ai pas mon bac elle me casse la gueule, parmi d'autres du même acabit. Je fuis GV et me promets de ne jamais fréquenter le milieu lesbien.
Parallèlement à ça, je découvre The L Word. Je me mets à regretter amèrement que dans la vraie vie, tout soit si différent.

Il y a les résultats du bac que je vais chercher sous la pluie, avec mon petit chemisier blanc sur lequel je tire sans arrêt pour pas qu'il me colle au corps. Je retrouve des gens de ma classe. Ils ont l'air soulagés d'avoir obtenu leur bac, mais malgré tout ils me semblent moroses.

Un peu plus tard, il y a les résultats pour l'école de commerce. Je suis contente d'être prise, sans plus.


C'est là que débutent réellement les vacances d'été, 3 mois de complète insouciance dont j'ai peur de ne plus jamais faire l'expérience, avec un mois de septembre un peu agité malgré tout.
Je pars en vacances, je reviens de vacances.
Il y a ceux qui rentrent déjà en prépa et qui m'envient de pouvoir encore me reposer. Ils me mettent en garde contre les crises de larmes qu'engendre la rentrée. Ca me fait sourire. Me retrouver en enseignement supérieur au milieu d'inconnus ne pouvait pas me déstabiliser, une quantité de travail importante non plus. Du moins c'est ce que je croyais.
Je continue à végéter jusqu'au début du mois d'octobre.



Et là tout s'écroule



Après la rentrée je me mets à douter de mon orientation, je suis découragée, j'ai envie de tout plaquer, je ne supporte pas la rupture brutale.

Il y a les tremblements et les crispations le soir dans mon lit, la sensation de me sentir si faible que je peux à peine tenir debout, les nuits d'insomnie pendant lesquelles je suis tellement fatiguée que je ne peux pas dormir, comme dans la chanson de Coldplay.
Il y a la perte totale d'appétit, la poitrine qui menace d'exploser, la boule dans la gorge et les migraines qui se relaient les unes après les autres.
Il y a le plus difficile : ne rien laisser paraître.
Il y a l'envie de m'en remettre aux antidépresseurs une fois que je n'en peux vraiment plus et que je ne vois pas comment m'en sortir autrement.

Il y a un terrible constat : toulégarssonzéléfiyedemapromocepromainedanlarudeupardeu et moijessuisseulcarpersoneuneumaimeuh mais je ne m'en prends qu'à moi-même, à éviter inconsciemment et peut-être même un petit peu consciemment tout attachement.


Il y a les CDs de Radiohead, en boucle, un mouchoir à la main.

Il y a mon anniversaire que je 'fête' pendant le séminaire à la campagne, dans un espèce de château, loin de tout, au milieu de gens que je n'aime pas, sans portable ni le moindre moyen de communication alors que pour la toute première fois de ma vie, j'éprouve le besoin de sortir de mon mutisme.
Pendant ce séminaire, je fais la connaissance de Pouic, la petite blonde, à qui je dévoile ma préférence exclusive pour les filles lorsqu'elle me demande si j'ai un copain.
Le soir-même, dans un semi-coma éthylique, je couche avec un mec de 2è année dans les bois près du feu de camp. Avec le recul c'est un peu plus facile à s'avouer.
Moi j'avais juste besoin d'un câlin, j'avais juste besoin d'une une fille dans mes bras. Je ne demandais rien de plus... A défaut d'une fille, je me suis rabattue ce qui restait. Mais peu importe, en rentrant au château tout s'est effacé sous la douche.

Et puis il y a maintenant où j'alterne les passages à vide et les périodes où je ne sens plus rien.


Et cette année 2006 que je commence avec la gueule de bois grâce à une seule et unique coupe de champagne qui distille ses effets depuis deux jours.

Mais j'ai toujours eu l'alcool triste, pardonnez-moi…