05 mai 2005

Je suis tombée par hasard sur une photo de classe de 3è

J’étais affligée en voyant ça.
J’étais alors en pleine phase Mylène Farmer, et comme il me fallait à tout prix trouver un moyen de contester la rigueur de ce collège privé dans lequel j’avais de plus en plus de difficultés à mettre les pieds, je me coiffais de manière assez ‘spectaculaire’, avec des mèches en pic dans tous les sens.
Ce n’est qu’avec le recul que je me rends compte du pathétique de mes exploits capillaires. D’autant plus que je n’ai pas de coiffeur particulier, moi (remarquez, quand on voit la coiffure du Mylenium Tour, on se demande si c’est pas son chimpanzé qui la réalisait).

Vous me direz, heureusement que je n’étais pas fan de Mireille Mathieu… Quoique les réactions face à ce genre de coupe n’ont pas l’air d’être si hostiles que ça, pour ‘peu’ qu’on ait le physique d’
Ophélaïe.

Le pire c’est que je suis en plein centre de la photo, avec un sourire narquois qui semble signifier : ‘Regardez-moi bien, je suis une rebelle anarchiste, je déteste ce collège de merde et cette ambiance malsaine alors je le montre, vous la sentez ma hargne, hein ?’, alors que c’était en complet décalage avec l’élève sage et sérieuse que j’étais et suis toujours d’ailleurs.

A cette époque, la seule prof qui manifestait de la sympathie à mon égard était ma prof de physique, que j’adorais. Elle faisait des petites allusions à ma coiffure, du genre : ‘Les molécules d’air se propagent partout : dans la classe, autour des chaises, autour des cheveux de Novo…’ et vers la fin de l’année, quand j’avais enfin libéré mes cheveux des couches de gel qui les opprimaient, elle m’avait dit qu’elle me préférait avant.

Ce besoin de me distinguer a émergé en 4è. J’étais tombée complètement sous le charme de ma prof de français (le grand classique), et dans mes rédacs, je partais toujours dans des délires irrationnels. Un jour, nous avions eu un contrôle de lecture sur La mare au diable dans lequel j’avais complètement démonté George Sand, en critiquant presque tout ce qu’elle faisait faire à son héroïne, son apologie des traditions et sa diabolisation de la vie urbaine. J’avais réussi à m’en sortir avec un 15, ce que je n’espérais absolument pas étant donné la virulence légèrement infondée de mon propos. Ca m’a rendu encore plus folle de cette prof.

Un autre jour, nous avions eu une fiche de lecture à rendre sur je ne sais plus quel livre. J’étais complètement allumée lorsque je l’ai rédigée, et en gros j’avais intentionnellement parlé de tout sauf de ce qu’elle demandait, m’attardant sur des détails puérils et agrémentant le tout d’un humour douteux.
Ma copie avait fait le tour de la classe avant qu la prof ne l’arrache, furax, à un des élèves qui la lisait en ricanant. J’avais eu une note honorable, une fois de plus, à croire que la prof, lasse de lire des copies sérieuses mais sans fantaisie, m’avantageait pour que je continue de l’abreuver de mes immuables délires.

Le dernier jour, nous avions tous été réunis en salle de DS. Mme M., la prof de français, était présente. Là, le directeur, après un discours sur les stages de fin d’année, nous avait annoncé que Mme M. quittait le collège et s’en allait en Nouvelle-Calédonie. J’étais totalement abattue. Sous le choc. Je la fixais du regard, en me disant que je ne pourrais jamais plus admirer ses magnifiques yeux bleus et l’intensité de son regard.
Je n’ai pas voulu aller lui parler. J’étais trop farouche.
Je ne lui ai même pas dit au revoir.
Je chialais à mort sur le chemin du retour.

Maintenant que j’y repense, ce n’était pas la première qui exerçait une fascination sur moi.
En CE2, mon instit semblait tellement inaccessible que j’étais littéralement envoûtée par sa présence. Ma maison était sur son chemin pour rentrer chez elle. Tous les soirs, je me postais à la fenêtre et j’attendais le moment où elle passerait, les quelques secondes pendant lesquelles je pourrais l’apercevoir. A chaque fois, mon cœur battait la chamade.
Un jour, elle était venue chez moi pour dire à mes parents qu’elle envisageait de me faire faire sauter le CM1.
Ma mère lui avait révélé que je l’observais tous les soirs. Je me suis sentie trahie et honteuse. Mais j’ai continué malgré tout.
Au milieu de l’année suivante, je l’ai plus vue dans la cour. Elle ne venait plus chercher ses élèves. Un remplaçant se chargeait de sa classe. Et je me demandais quand est-ce qu’elle reviendrait.
Elle n’est jamais revenue.
Elle est tombée dans le coma et n’en est jamais sortie.

Après elle, il y a aussi eu ma prof de violoncelle. J’admirais sa grâce et son charme… Je ne l’ai eue qu’une année, malheureusement. Elle a déménagé.

Par la suite, j’ai préféré me tourner vers des héroïnes de séries télé, des personnalités médiatiques (ou pas : MF), comme Alyson Hannigan évidemment, Shirley Bousquet (me demandez pas pourquoi), Liv Tyler, Lauren Graham et plus récemment Jennifer Beals.
Mais contrairement à ce que peut croire Nalie de par mon harcèlement The L Word-ien, aucune ne m’a jamais obsédé autant que mes deux profs (sauf peut-être Lauren Graham, et Bette est plutôt bien partie également ;-)

PS : Vous avez remarqué ? Pour une fois, j’ai essayé de ne pas mettre 5 adverbes par phrase et 2 adjectifs synonymes côte à côte. J’ai perdu ma griffe. Bouh…

Et le titre n'est pas un vrai titre. Et je n'ai même pas fait de petite phrase de conclusion. Aucune méthode...
(anyway ce blog est régi par ma dictature. Alors si j'ai pas envie de me casser la tête...)