28 mai 2006

Tortue Ninja

Vous connaissez mon chat-femme, mais vous n'avez jamais entendu parler de ma tortue-femme (quoique j'ai jamais su comment vérifier qu'il s'agissait bien d'une femme).

C'était donc une tortue de Floride. Elle n'a jamais eu de nom parce qu'on n'a jamais pu trouver de nom assez affreux pour lui convenir. Pour situer, elle ressemblait un peu à Gollum. C'était un cadeau de la petite souris pour une dent de lait. Au départ, elle mesurait le diamètre entre le pouce et l'index et elle a grossi jusqu'à mesurer environ 10 cm de diamètre (je parle de la tortue, pas de la dent de lait).
Elle mangeait de tout et à la fin elle ressemblait à un cadavre vivant. On lui donnait à manger de tout *même de la viande* (comme quoi c'était pas une tortue lesbienne) et il fallait faire attention à ses doigts parce qu'elle les aurait gobés eux aussi.

En fait elle bougeait le moins possible parce que sa carapace était tellement lourde que ça la fatiguait. Alors pour la nourrir, je faisais exprès de lui tendre la feuille de salade ou le rat mort (pardon je me fais rire) à 3km pour voir son cou s'allonger au maximum afin d'atteindre sa proie. C'était dingue. On aurait dit du caoutchouc. Je m'amusais à presser son cou et elle le rétractait. A ma décharge, j'étais jeune et encore plus déséquilibrée que maintenant.

Toujours est-il qu'au bout d'un moment, on en a eu marre d'elle parce qu'elle nous faisait un peu peur et qu'elle nous coupait l'appétit (quelle idée aussi de la mettre dans la cuisine, j'arrêtais pas de dire qu'elle donnait envie de vomir à tout le monde et qu'il fallait la changer de place, mais on était terrorisés à l'idée de bouger l'aquarium ; elle aurait pu se venger de cet affront), et on a décidé de la donner à un refuge. Au départ on voulait la rejeter dans la Seine et puis on a appris que d'autres gens faisaient comme nous et que ces tortues détruisaient l'écosystème parce qu'elles s'attaquaient à tout ce qui bougeait. Depuis, les tortues de Floride sont interdites à la vente.

Parfois je me dis que c'était le bon choix à faire, qu'elle est heureuse à présent avec ses copines dans son bassin plein de déjections, même si je ne peux pas m'empêcher de penser à elle de temps en temps. Je sais que j'ai été la première femme de sa vie et qu'elle ne m'a pas oubliée. Parfois aussi je pleure mais c'est seulement quand je suis fatiguée ;)