25 avril 2005

De tous les européens, ce sont les jeunes français les plus mécontents de l’école


Sans blague…quoi de moins étonnant ?
En France, l’école accumule les paradoxes.
Elle essaie de ne pas trop développer l’esprit de compétition entre les plus jeunes, pourtant elle note à tort et à travers et laisse les plus faibles à la traîne, allant même jusqu’à faire des classes de niveau, prélude à leur éjection en fin de 3è (institution Jeanne d’Arc Pigeonne…euh Colombes pardon, c’est à toi que je fais référence).
En Finlande (pays où les résultats de ce sondage sont les meilleurs), les élèves ne sont pas notés jusqu’à environ 10 ans, et ils sont beaucoup plus proches de leurs profs. En France, ce genre de situation est assez utopique, tout simplement parce que la plupart du temps, les mauvais élèves sont des éléments perturbateurs, par conséquent freinent les autres et installent une mauvaise ambiance ; au final la grande majorité des profs prennent leurs distances. On ne voit donc pas pourquoi on leur accorderait leur chance. Oui mais on leur a toujours dit qu’ils étaient nuls, on les a mis devant leur propre médiocrité à l’époque où ils avaient tout leur potentiel pour faire évoluer cette médiocrité. Et il y a quelque chose de jouissif à progresser, encore plus que d’être très fort et de stagner en haut. On les a frustrés dès leur plus jeune âge. Et maintenant c’est réellement irréversible.

Deuxième paradoxe, l’école se veut être le porte-drapeau de la culture, mais aucun effort n’est fait pour que nous nous y intéressions. Nos cours se limitent à des domaines bien précis, mais ne nous poussent pas à aller chercher plus loin. Il faudrait que les profs nous orientent sur des sites web pour compléter les cours et nous donner une idée plus concrète et plus interactive de ce dont ils nous parlent.
De plus, les sorties restent anecdotiques : l’année dernière je n’en ai fait aucune, et cette année, si la prof de philo n’avait pas pris n’initiative d’en préparer une, nous n’en n’aurions pas fait non plus. Et au moins, elle a fait l’effort de choisir une sortie dont le thème était susceptible de nous intéresser, tout en restant dans un domaine philosophique (c’était une conférence sur l’éthique et la solidarité à l’âge des réseaux).
On ne nous donne pas le goût de la lecture. Ce qu’on nous oblige à lire au collège, ce sont des classiques, livres inaccessibles et/ou totalement en décalage avec ce qu’aime la majorité. Finalement, ceux qui n’ont pas appris à aimer les livres par eux-même n’aimeront jamais lire.
Il n’y a qu’à voir la réaction quand un prof nous demande d’acheter un livre : tout le monde râle et n’a qu’une obsession : que ce livre compte le moins de pages possible. Comme si ce critère influait sur sa qualité. D’ailleurs, ce n’est même pas ça. Peu importe que le livre soit intéressant ou pas, de toute façon il n’y aura pas de plaisir à le lire ; autant qu’il soit le plus court possible, donc.
Moi je dis STOP. N’ayez pas peur de nous noyer sous la lecture. Faites-nous engloutir des romans jusqu’à ce qu’on ait le niveau d’un Bernard Pivot, mais par pitié, laissez-nous le choix entre plusieurs bouquins, que chacun choisisse en fonction de ses goûts.
C’est là que j’admire la performance de J.K. Rowling. Qui plus qu’elle a le mérite d’avoir déclenché l’amour de la lecture chez des millions d’enfants (voire d’adultes) ? Mon frère (11 ans), depuis qu’il a lu Harry Potter, il ne s’arrête plus. Je lui fais lire du Barjavel en ce moment, et la prochaine étape c’est 1984 d’Orwell. Si j’ose, je lui ferai même lire du Simone de Beauvoir ;-)

3è paradoxe : on se plaint que les français soient si nuls en langues. Je regarde mon emploi du temps : 3h d’anglais, 2h d’allemand. Sur 35h. Cherchez l’erreur. Je ne vois pas pourquoi les scientifiques sont tant défavorisés de ce point de vue-là. Si on faisait sauter les cours d’EPS et quelques cours de maths (hihi), on gagnerait pas mal d’heures de cours…
Il serait si simple de proposer des films en VO sur les chaînes hertziennes, au lieu d’être contraint de s’abonner au câble (merci Arte, toi seule mérite la vie). Ou ne serait-ce que de mettre des sous-titres quand une personnalité anglo-saxonne est invitée dans une émission au lieu de SYSTEMATIQUEMENT mettre un traducteur qui baragouine par-dessus. Mais suis-je bête. Nous sommes des feignasses incapables de lire des sous-titres et de suivre en même temps. Aux USA, il est interdit de traduire les films. Tous les films étrangers sont donc en sous-titré. Eux au moins ont compris ce que perd un film lorsqu’il n’est pas en VO.Il est des pays où tout le monde est bilingue, trilingue. Ces pays-là (par ex la Norvège, la Suède ou, encore elle, la Finlande), en dehors des anciennes colonies, en sont là parce qu’ils ont fait l’effort de s’ouvrir à d’autres cultures, au lieu de moisir en autarcie parmi leurs camemberts et autres bérets soit-disant pour préserver l’identité culturelle, n’est ce pas Monsieur Jacques…