11 février 2006

Délit de vocabulaire

Mon frère m'a récemment rapporté que lors d'un cours de "Parcours culturel" dans l'institution qui se réclame d'être proche des élèves et de leur famille, comme elle l'est du Seigneur, on leur avait demandé d'inscrire au tableau un mot censé résumer leur vision de la religion. Une fille a marqué "secte". Mis à part le fait que je me suis félicitée qu'elle se soit sentie en droit d'exprimer le fond de sa pensée et de ne pas être aveuglément complaisante vis-à-vis du caractère "intangible" de la religion –peu importe que le mot "secte" soit excessif ou pas, là n'est pas la question–, je me suis interrogée quant au nom même de cette matière.

Lorsqu'on prévoit un module d'enseignement qui aborde la religion, on peut lui choisir un nom fleuri si ça peut contribuer à lui donner un aspect moins rébarbatif, mais on ne l'appelle pas "Parcours culturel".
Limiter la culture à la religion, c'est non seulement très réducteur, mais en plus c'aurait été dangereux si ce module avait eu un caractère officiel.

D'autres établissements ont mis en place un "Parcours culturel", à la différence que le contenu est fidèle au nom de la matière, la preuve.

A la limite, "Parcours cultuel" conviendrait mieux. Bien que ce ne soit pas non plus très représentatif de la matière puisque lorsque c'était moi qui me trouvais sur les bancs de ce collège, je me souviens bien qu'on s'écartait (très) rarement du catholicisme. Mais après tout, c'était un collège catho, on ne va pas demander aux profs de Parcours culturel (ce "r" m'énerve) de nous éclairer sur ce qui se passe à côté…

Nous avions même eu droit à l'intervention d'un prêtre en baggie avec des poches sur les côtés, parce que vous comprenez, c'est le bon réflexe à avoir pour entamer la discussion avec des ados en mal de spiritualité : leur ressembler !

Enfin on n'en est pas à un délit de vocabulaire près : dans l'historique, on peut lire qu'en 1901, "les lois anticléricales vinrent ruiner plusieurs années d'efforts". Que ces lois relatives à la séparation de l'Eglise et de l'Etat aient mis à mal les efforts de personnes s'étant démenées pour mettre debout le pensionnat, soit. Mais qu'on tourne la phrase de manière à ce qu'il ne fasse aucun doute que pour l'auteur, ces lois sont regrettables…