23 février 2010

Fin de cycle

Pour résumer, ce n'est pas trop la joie. 
Je termine les cours dans un mois.

J'ai fini par revenir chez mes parents au bout de 4 mois parce que je ne supportais plus mon coloc. 

Les soirées, tellement libératrices au début de l'année, se teintent peu à peu de regrets et d'appréhension. Je prends conscience de perdre mon insouciance à mesure que la fin approche.



Je devrais commencer un stage en avril, mais je fais plus ou moins intentionnellement exprès de louper tous mes entretiens. Pourtant, j'avais de belles opportunités : Procter, Danone, Kraft...

Je ne veux tout simplement pas commencer mon stage. Parce qu'à partir du moment où j'aurai mon stage, je réaliserai que l'époque ESS€C sera bel et bien révolue, je ne verrai plus mes amis de promo tous les jours, je serai parachutée dans un environnement où je devrai batailler pour exister et me faire une place. Alors qu'à l'ESS€C, tout se faisait tellement naturellement...



Au-delà de la fin de la période ESS€C, c'est la fin de toute ma scolarité qui s'annonce.



Je n'ai jamais eu peur des changements de cycle. Surtout quand ils mettaient fin à un certain confort lié aux habitudes. Je me lasse très vite des situations trop confortables.

J'ai même souvent provoqué ces changements de cycle : rentrer dans un nouveau lycée sur un coup de tête, rompre avec mon copain au moment où je n'étais pas encore tout à fait sûre de préférer les filles, décider de mettre ma vie estudiantine entre parenthèses pendant 2 ans pour faire de l'apprentissage, envoyer mon dossier à l'ESS€C, quitter papa maman simplement pour être indépendante...

Mais à chaque fois, je savais par intuition que ces changements allaient m'être bénéfiques. Cette fois-ci, ce n'est plus le cas.

J’ai l’impression que le meilleur est derrière moi.

Les regrets commencent à affluer. 

J’aurais pu sortir de ma réserve quand j’étais au collège, être moins névrosée et me laisser embarquer par les cancres pour faire toutes les bêtises possibles et imaginables tant qu’il était encore temps et que c’était « socialement acceptable »…
J’aurais pu aller un peu plus loin qu’échanger quelques baisers avec la fille de ma classe en première. J’aurais pu profiter du week-end qu’on avait passé ensemble à la campagne pour glisser mes mains sous son T-shirt. Même si ça n’avait mené nulle part, même si je n’étais pas réellement amoureuse d’elle. J’aurais au moins pu garder des souvenirs impérissables de cette petite escapade…
J’aurais pu nouer une relation secrète avec l'une des nombreuses profs dont je suis tombée amoureuse...
J’aurais pu accepter d’être un peu moins bonne élève au lycée, de passer moins de temps dans mes révisions, pour être plus disponible pour faire les 400 coups avec mes amis qui n’en loupaient pas une. Et surtout, j’aurais pu faire en sorte de ne pas perdre le contact.
J’aurais pu faire comprendre à la belle allemande qui m’obsédait en terminale que si je passais mon temps à la fixer, ce n’était pas parce qu’elle avait du dentifrice sur la joue. Elle n’aurait pas compris si je lui avais expliqué en français, alors je lui aurais écrit une lettre en allemand. Elle aurait fait semblant de ne pas comprendre parce qu’elle devait me trouver bizarre. Alors ça en serait resté là, mais au moins j’aurais abandonné ma complaisance dans la passivité.
J’aurais pu réaliser plus tôt que je n’étais pas faite pour faire du marketing et opérer un changement d’orientation plus précoce.
J’aurais pu et dû faire une prépa et vivre en internat. Je pense que les situations de tension dues à la charge de travail et à la peur de l’échec sont propices aux rapprochements, surtout quand on côtoie des gens pratiquement 24h/24.

J'aurais eu l'occasion de vivre des choses tellement plus intenses pendant mes années d'études, mais j’ai la désagréable sensation d’être passée à côté.